Historique     

    A la jonction des Vallées de la Seine, de l’Eure et de l’Andelle, existe un village aujourd’hui sans importance, mais qui a joué un rôle dans l’histoire. 

    D’abord forteresse sous les Romains, puis résidence royale  sous les Mérovingiens, palais et château-fort sous les Carolingiens, Pîtres, connu par des Ordonnances, par des Conciles et par différents monuments d’histoire, n’a conservé de son ancienne splendeur que son église dédiée à Notre Dame. Pîtres devint sous Charles Le Chauve, un des centres politiques majeurs de la France occidentale.

    Marie de France, dans son Lay des Deux Amants, parle de la ville de PITRES et du roi des Pistriens.

    On a trouvé à Pîtres des restes de deux amphithéâtres, d’un hypocauste, d’un aqueduc, des tuiles, des vases, des coulans en bronze qui indiquent une origine romaine.

    Plusieurs historiens ont placé vers 525, la fondation du manoir mérovingien de Pîtres, en latin Pistoe.

    Il est fait mention de Pîtres dans une charte de Clotaire pour l’abbaye de Chelles en 660.

    En 1865, deux fibules furent trouvées fortuitement dans un champ de St Martin près de Pîtres (Eure) par un terrassier qui extrayait des pierres pour remblayer les routes. Il rejeta dans les déblais du fer, des ossements et des fragments de poterie dont il ne tint aucun compte, mais remarqua deux objets en bronze qu'il remit à M. Delafosse, entrepreneur au Pont-de-l'Arche. L'abbé Cochet informé tardivement de cette découverte, identifia ces objets et en fit l'acquisition pour les collections du Musée des Antiquités de Seine Maritime à Rouen, en 1870. Leur numéro d'inventaire dans le Musée Départemental des Antiquités de Rouen est le 1251.

Fibules trouvées à Pîtres en 1865

    En forme de deux demi-coquilles ovales (Longueur : 11 cm, largeur : 7 cm), les fibules résultent de l'assemblage de deux éléments de bronze moulé, à l'origine doré : d'une part la demi-coquille proprement dite qui évoque la carapace d'une tortue, d'autre part une plaque convexe ajourée dessinant un réseau de losanges, et fixée par des rivets sur la partie supérieure de la demi-coquille. Au revers de chacune d'entre elles, où subsistent les languettes d'articulation et de fixation de l'ardillion (non conservé), on observe l'empreinte d'un tissu à trame en chevrons. Elles sont décorées de motifs zoomorphes très stylisés : des représentations de monstres avec des pattes entrelacées à pied griffu.

    Caractéristiques de la parure féminine Viking, ces fibules "en forme de tortue" bénéficient de nombreux parallèles dans le Jutland et en Angleterre, où elles furent en usage du IXième siècle au milieu du Xième siècle. La présence exceptionnelle d'une tombe de femme Viking à Pîtres ne peut guère s'expliquer que par l'histoire de cette localité au cours du Haut Moyen-âge. Cette tombe de femme Viking est d'ailleurs la seule répertoriée au sud du Rhin.

    Un document disponible sur le site de la Bibliothèque Nationale de France mentionne ces fibules, vous pouvez le retrouver ci dessous :

Fibules Scandinaves.pdf

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    On peut penser que, comme en Angleterre et en Irlande, les Scandinaves ne se limitèrent pas à des raids saisonniers, mais s'y fixèrent également avec leurs compagnes comme en atteste une série de sépultures Vikings.

    L'isolement de la sépulture de Pîtres - s'il est effectif étant donné les circonstances de la découverte - n'a rien d'exceptionnel non plus. Au lieu dit "la Pierre St Martin" existait certainement une nécropole franque et carolingienne à laquelle on pourrait rattacher la tombe Viking. On a noté aussi dans les îles britanniques la présence de tombes Vikings mêlées à des inhumations chrétiennes.

    En 750, Pîtres est indiqué comme se trouvant dans le pays de Telles un diplôme de Charlemagne de 775 désigne Pîtres de la même façon.

    Le 1er août 855, la grande flotte des Danois sous la conduite de Sidroc, s’empare du fleuve de Seine, et vient jusqu’au château-fort de Pitres.

    Charles le Chauve résida souvent à Pîtres de 861 à 869, et il y tint plusieurs assemblées à l’effet d’aviser aux moyens d’arrêter la marche des hommes du Nord. Pendant son séjour, il y fit construire un palais magnifique. 

    Dans une première réunion du Concile, tenu à Pîtres en 862, on avisa aux moyens d’arrêter les pirates normands; des subsides furent votés et Charles le Chauve s’empressa d’établir des travaux de fortification et de défense, afin d’empêcher de remonter le cours de la Seine. Il y fit ainsi construire un pont fortifié sur la Seine, vraisemblablement sur le site de Pont-de-l'Arche pour contrôler à la fois les trois vallées de la Seine, de l'Eure et de l'Andelle. Ce barrage sur la Seine se révéla peu efficace. Dans cette même réunion, on s’occupa du différend survenu entre Rothode, évêque de Soissons, et Hincmar, archevêque de Reims.

    Le second Concile tenu à Pîtres en 864, connu sous le nom d’Édit de Pîtres, déclare Pépin le Jeune, roi d’Aquitaine, déchu de ses états; ordonne une refonte des monnaies, règle les diverses questions relatives aux villes qui auraient le droit d’en frapper, édicte des peines sévères contres les faux-monnayeurs; apporte de grandes améliorations au sort des esclaves et des colons, et enfin ordonne un recensement des hommes libres obligés au service militaire.

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Denier - Édit de Pîtres 25/06/864

    Ce denier mesure 20,5mm de diamètre, est en argent et pèse 1,66g.

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Édit de Pîtres.pdf

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    Dans le 3e Concile, qui eut lieu en 868, Hincmar, évêque de Laon, qui avait été condamné par le roi Charles, fut rétabli.

    En 869, le 4e Concile de Pîtres vit la promulgation d’un capitulaire en 13 articles, on confirma le privilège de Saint-Pierre le Vif à Sens.

    La localité servit à nouveau de séjour royal à plusieurs reprises sous le règne de Charles le Simple (898-923), puis retomba dans l'oubli après le traité de St Clair-sur-Epte. Charles le Simple fit donation, en 905, à son chancelier le diacre Ernaste, de onze serfs attachés au domaine royal de Pîtres, 6 hommes, 4 femmes et un enfant, désignés chacun par leur nom.

    Roger de Beaumont donna vers 1070, à la Madeleine de Rouen, entre autres biens la terre de Pistres pour fournir le pain et le vin du Saint-Sacrifice de la Messe. Vers 1090, Guillaume de Breteuil donna aux religieux de Lyre, toute la dîme et la redîme de la vallée de Pîtres. Raoul de Gacel, son héritier, donna à Raoul de Conches, Pont Saint Pierre et la vallée de Pîtres.

    En 1206, Phillipe Auguste avait confisqué ce que Marguerite de Tosny, veuve de Raoul de Conches, possédait à Romilly, Pîtres, etc... pour le donner à Raoul de Boulogne.

    Il existait cependant une famille portant le nom de la paroisse; Roger de Pîtres accompagna le duc Guillaume en 1066, lors de son expédition d’Angleterre.

    En 1184, Roger de Pîtres figure dans les comptes du Sénéchal de Normandie comme débiteur de 15 s.

    Le pouillé d’Eudes Rigaud, rédigé vers 1250, indique comme patron Jean du Bois, chanoine de Notre-Dame-de-la-Ronde ; la cure valait 30 l., on comptait 120 chefs de famille.

    Parmi les membres de la famille de Pîtres, nous citerons encore Jean de Pîtres, clerc du bailly de Cotentin, Guy de Pîtres, Marie de Pîtres, abesse de Saint-Amand de Rouen, Roger de Pîtres, Guillaume de Pîtres, écuyer, Jacques et Jean de Pîtres qui fieffèrent, en 1370, une maison à Rouen, Guyot de Pîtres.

    Lors de l’invasion anglaise du XVième siècle, Guy de Pîtres était resté fidèle à son pays; le roi d’Angleterre confisqua ses biens en 1420, et donna les immeubles à Guillaume Sébire et les meubles à Henri Noon.

    Pîtres blasonnait : de gueules à 3 pals d’or, au chef d’azur chargé de 2 étoiles d’argent

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Armoiries de Pîtres

    Les familles Damiens, Mallé et Le Prévost possédèrent ensuite la seigneurie de Pîtres. 

Fiefs : 

1er : Les Essarts - Le 3 juillet 1649, Louis Le Roy Sieur Des Essarts, vendit une partie de rente à la veuve de Louis Halley, Charles le      Roy, esc, sieur des Essarts, fut maintenu en 1667; il portait : des gueules à l’écu d’argent chargé d’une fleur de lys de sinople accompagné de 6 besants d’or, posés en orle, 3, 2 et 1. 

            En 1708, Adjutor-Nicolas Le Monnier des Essarts était maire alternatif des Andelys. En 1745, il était élu en la même ville; 

    2e : La Poterie : En 1668, M.M de Tirémois et le Bègue de Germiny étaient seigneurs de la Poterie; ils avaient le droit en cette qualité de présenter à la Chapelle Saint-Nicolas de l’église de Pîtres; 

            Tiremois : d’azur, au sautoir d’argent chargé de cinq huchets de gueules liés du même

            Le Bègue de Germiny : d’azur, à l’ombre d’argent posé en fasce;

    3e : La Vallée-Galantine : Pierre de Galantine, sieur de la Vallée, fut reçu au Parlement en 1616; son fils du même nom fut, en 1665, reçu conseiller  aux Aides.

            Dominique de Galantine, seigneur de la Vallée, laissa une fille mariée à Jean-Baptiste Alexandre Boniface, chevalier, baron de Bosc-le-Hard.

            Galantine : écartelé au 1 et 4, contre écartelé au 1 et 4, d’azur, à la croix d’argent, au 2 et 3, de gueules, à trois annelets d’or, au chef d’argent, chargé de trois têtes de lion arrachées d’or, et au 2 et 3 d’azur au chevron d’or.

            Boniface : d’argent, à 3 fasces de sinople.

    Voici un extrait des rapports d'inhumation de la ville de Pitres : - 1760, le 16 avril, (registre de l’état civil de Pîtres), inhumation de noble dame Marie -Françoise de la Vallée Galantine, veuve de Messire J.B Alexandre  de Boniface, seigneur du bosc le Hard et autres lieux, âgée d’environ 55 ans, inhumée dans la chapelle par nous Michel Phillipe Le Monnier, curé de Saint Pierre du Pont-Saint-Pierre, en présence de Monsieur Henri Vignon, prieur des deux amants et autres messieurs ecclésiastiques soussignés  et de Messire J.B Alexandre François Dominique de Boniface, chevalier de l’ordre militaire de Saint Louis  Seigneur du Bosc-le-Hard et autres lieux et de messire Pierre Marie Joseph de Boniface du Réel, Chevalier de l’ordre de Jérusalem, les enfants soussignés. Vignon, prieur des deux amants, Le Maitre, curé de Romilly. Le Monnier, curé de saint pierre de Pont Saint Pierre. Sainneville, curé de Saint Nicolas , de Pont Saint Pierre. Le François, curé de Pîtres.

Sources historiques :

Registres d'Etat Civil

    Vous pouvez retrouver ci-dessous les différents registres d'état civil (naissance, mariage et décès) de la ville de Pîtres sur la période 1546-1807. Ces données ont été récoltées parmi les documents disponibles aux Archives Départementales de l'Eure. Ce travail de dépouillement a été réalisé par Lydie Rungeard qui a ensuite réalisé un document récapitulatif pour chacun des registres. Vous pouvez retrouver son travail sur son site.

Registre des naissances 1546-1802.pdf (927 Ko)
Registre des mariages 1546-1807.pdf (576 Ko)
Registre des décès 1546-1802.pdf (544 Ko)